Wednesday, December 07, 2005

Les nouveaux esclavagistes

Je m'amuse depuis un certain nombre d'années à pratiquer le tourisme social, c'est à dire à me balader tel un anthropologue dans un milieu social qui n'est pas le mien, dont je ne connais à priori pas les idées, j'essaye de me fondre dans la masse, d'écouter et de ressentir ce que ce milieu ressent. Par définition je ne peux pas être objectif puisque je viens moi-même d'un certain milieu culturel, qui m'a certainement beaucoup influencé. Tel un psychologue je réagit aux phrases qui me font sursauter.

Je pratique actuellement les parisiens aisés voire très aisés. Et je donne telles qu'elles certaines phrases recueillies :
- il est impossible d'avoir du personnel de qualité.
je précise que payer avec ses charges sociales un employé de maison est "trop cher". l'employé de maison est donc sans charges sociales et clandestin.

- Ah non, je l'ai trouvé en train de se reposer dans le salon
la notion de pause n'existe même pas.
- je ne veux pas, je ne veux plus jamais avoir à faire le ménage.
l'idée que personne ne veux faire le ménage n'est pas évoquée et encore moins qu'un travail pénible doit se payer en toute légalité.

- à (x ou y) Monsieur s'il vous plait, c'est urgent... ce week-end c'est possible ?

- ils (les immigrés) viennent dans l'illégalité et brûlent nos voitures.

Je précise que l'immigré qui se reposait dans le salon est clandestin et que l'idée qu'un amalgame entre clandestins et brûleurs de voiture puisse avoir lieu n'existe même pas. Cela me rappelle la phobie anti-juive contre les juifs pauvres des années 30.

L'idée que payer un clandestin, attire d'autres clandestins, ne passe même pas par la tête, ni que les clandestins sont clandestins parce qu'il y a des filiaires qui ont senti le marché qui les ont fait venir au même titre que les filières de prostitution...

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